- FONDAMENTALISME
- FONDAMENTALISMEFONDAMENTALISMETranscription française de l’anglais fundamentalism , ce vocable «fondamentalisme» désigne une doctrine religieuse exprimée pour la première fois, comme telle, en 1895, dans un document en cinq points dits fondamentaux.Le fondamentalisme apparaît vers la fin du XIXe siècle, aux États-Unis et dans les milieux protestants traditionalistes. Il représente essentiellement une réaction contre le libéralisme théologique et le mouvement de l’«Évangile social» (Social Gospel ). C’est une réunion annuelle d’étude patronnée par certaines Églises «évangéliques» (Niagara Conference) qui publia, en 1895, le document en cinq points fondamentaux (fundamentals ) d’où est né le fondamentalisme actuel. Contre les libéraux de la théologie et de l’action sociale, les rédacteurs de 1895 affirment: l’inspiration littérale des Écritures; la divinité du Christ; la naissance virginale de Jésus; la valeur expiatrice et pleinement rédemptrice de la mort de Jésus; la certitude du retour prochain du Christ pour le jugement. Ce dernier point est particulièrement important, car son accent pré-millénariste exclut tout engagement politique ou social des chrétiens. Seule la parousie peut mettre fin aux injustices sociales existantes. Par là s’explique le désintérêt à peu près total des fondamentalistes pour tous les mouvements de réforme sociale institutionnelle.Les fundamentals de 1895 furent largement répandus par les instituts bibliques fondés par le revivaliste Moody, dans l’ensemble des pays anglo-saxons, et par l’Association interconfessionnelle de jeunes gens (Y.M.C.A.). La plupart des dénominations protestantes ont été touchées, à un moment ou à un autre et dans certains de leurs quartiers, par le fondamentalisme, dont il faut souligner, au-delà de ses croyances précises, l’anti-intellectualisme et l’émotionnalisme. Les mouvements revivalistes modernes sont, en général, fondamentalistes (Billy Graham et ses «croisades», par exemple).Le fondamentalisme ne se résume pas tout entier dans les fundamentals de 1895 et leur influence postérieure. Il existait déjà de façon non systématisée et diffuse, en Grande-Bretagne et en Amérique, à l’intérieur des mouvements millénaristes contemporains de la Révolution française et de l’Empire napoléonien ou postérieurs à eux. Ce premier fondamentalisme, telles les sectes issues du «réveil prophétique» du XIXe siècle, représente d’une certaine façon une réaction aux idéaux politiques issus de la Révolution en même temps qu’à l’influence des sciences profanes sur les croyances chrétiennes.Parmi les hérauts de ce mouvement, il faut citer le nom de John Nelson Darby, fondateur du darbysme, ou assemblées des Frères. Son influence sur le réveil millénariste dans les pays anglo-saxons, de 1845 à 1878, fut importante. Elle rejoignit celle qu’exerça la théologie calviniste conservatrice enseignée à Princeton vers les mêmes dates. Celle-ci apporta au millénarisme (celui des adventistes comme celui des darbystes ou d’autres groupes mineurs) l’appui de ses conceptions littéralistes de l’inspiration (inerrance). Par la médiation de la Niagara Conference et de ses suites, millénarisme et conservatisme théologique convergent dans les Bible Conferences et les Bible Institutes, dont celui de Moody, à Chicago, sera le plus connu et le plus influent.Entre 1895 et 1914, le millénarisme littéraliste représenté par les fundamentals de 1895 et le mouvement diffus précédent perd de son intensité. Il reste cependant important dans les «prédications de réveil» et surtout peut-être dans les missions «évangéliques» dans les pays non chrétiens. C’est autour de 1920-1930 que le fondamentalisme prend l’aspect sous lequel il est actuellement le plus connu. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, il se révéla, en effet, sur la place publique dans la lutte menée par les conservateurs protestants de tous bords contre le darwinisme professé dans certains établissements publics d’enseignement (aux États-Unis). Pour débarrasser les écoles et les Églises des professeurs et des pasteurs défendant l’évolutionnisme, les fondamentalistes des Églises les plus diverses (surtout baptistes, presbytériennes et des «Disciples») se liguèrent. Ils tentèrent, souvent avec succès, de faire accepter certaines confessions de foi comme condition d’accès au pastorat dans leurs Églises et à l’enseignement dans leurs écoles. Une action politique concertée leur permit également, en certains États, d’éloigner des chaires d’enseignement public les candidats soupçonnés d’attachement aux points de vue darwinistes. L’État du Tennessee fut le premier, en 1925, à suivre les fondamentalistes sur leur chemin. Entre 1920 et 1930, le fondamentalisme cristallise les craintes de tous les conservateurs sur l’antidarwinisme, pour créer un front commun des «antimodernistes». Certains auteurs ont interprété ce phénomène comme un épisode de la lutte entre culture rurale et culture urbaine dans les États-Unis de l’époque. Les États ruraux du Middle West et du Sud ont, en effet, été particulièrement sensibles à la fois au fondamentalisme et aux théories agrariennes du politicien W. J. Bryan. La crise rurale qui a suivi la Première Guerre mondiale expliquerait ainsi — d’une certaine façon — la flambée fondamentaliste de la même période.Le fondamentalisme réapparaît chez les hippies chrétiens («Jesus People»), issus de la contre-culture et travaillant en son sein. L’antipolitisme et le millénarisme traditionnel du fondamentalisme tendent à se combiner, dans les associations «évangéliques» d’étudiants en particulier, avec un certain souci socio-politique. L’apparition des Jesus People et des mouvements néo-pentecôtistes dans la jeunesse des écoles, des universités et sur leurs marges empêchera ce mouvement de se poursuivre. Le fondamentalisme, en effet, se reconnaîtra jusqu’à un certain point dans ces phénomènes et tendra à s’y associer. Or on retrouve là et l’antipolitisme et le millénarisme de la tradition des fundamentals . L’alliance n’est pourtant pas scellée de façon entière ni peut-être définitive entre les straight de l’«évangélisme» traditionnel et les jeunes protestataires. Ces derniers combattent, en effet, les valeurs «petites-bourgeoises» qui sont caractéristiques des «évangéliques», en matière de respectabililité sociale, de travail, d’individualisme, et ils refusent de s’intégrer à l’idée de la «mission messianique» des États-Unis qui se trouve répandue dans les milieux fondamentalistes traditionnels.• v. 1980; v. 1920 nom d'un courant conservateur protestant, aux États-Unis; de fondamental♦ Courant religieux conservateur et intégriste. Le fondamentalisme islamique. ⇒ islamisme.fondamentalismen. m. RELIG Tendance religieuse conservatrice. Le fondamentalisme islamique.fondamentalisme [fɔ̃damɑ̃talism] n. m.ÉTYM. V. 1920; de fondamental.❖♦ Relig. Courant théologique à tendance conservatrice, d'origine protestante, né aux États-Unis pendant la première guerre mondiale, et qui maintient une interprétation strictement littérale de l'Écriture. — Par ext. || « Est-ce que ce n'était pas aussi le symptôme d'une résurgence du conservatisme, du fondamentalisme catholique ? La crise pousse les gens à se raccrocher à des valeurs anciennes » (Libération, 28 mars 1984).♦ Courant religieux conservateur et intégriste. || « (…) l'armée informelle du fondamentalisme sikh » (Libération, 11 avr. 1984). || « (…) reconstituer la montée du fondamentalisme islamique dans cette Égypte dont on oublie souvent qu'elle fut le berceau des Frères musulmans » (le Nouvel Obs., no 968, 27 mai 1983, p. 98).
Encyclopédie Universelle. 2012.